Et si on parlait des couvertures des livres de cuisine ?
Et 10 couvertures de livres de cuisine qui m'ont marquée

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Hello tout le monde !
Un petit mot pour souhaiter la bienvenue aux nouvelles et nouveaux qui ont atterri ici ce week-end, grâce à l'excellente newsletter de Louise Hourcade - encore merci Louise, pour tes gentils mots !
Je vous conseille évidemment de découvrir sa newsletter si vous ne la connaissez pas encore, notamment sa section Recos. Pas parce qu'elle m'y a donc mentionnée 🤭 mais parce que je suis hyper adepte de ce format long. Cette formule peut sembler vue et revue, mais on peut toujours joliment la renouveler grâce à la personnalité de l'auteur ou l'autrice. La preuve !
Et sinon, j'ai toujours une petite vague de nouveaux abonné(e)s quand je fais un article hors-série. TOUJOURS ! 😅 Ca n'a pas manqué la dernière fois, après ma participation au Festival de la newsletter. Du coup, aujourd'hui est une newsletter un peu différente d'habitude, mais si vous voulez découvrir d'anciennes newsletters plus classiques, je vous recommande :
- Ma chronique de Tiens, goûte ! qui est celle qui a généré le plus d'achats. De source sûre, ma newsletter a créé, tenez-vous bien... 3 ventes du livre. Bah quoi, c'est déjà pas mal, non ? 😅
- Ma chronique de Dans ma cuisine, qui est celle qui a généré le plus de DM et mails enflammés.
- Mon Journal de Cuisine - ces articles sont réservés aux abonné(e)s payants, mais le début du premier numéro est accessible à tous.
- Et mon intro à Mister Jiu's, qui est la newsletter dont je suis la plus fière, personnellement.
Voilà, voilà ! Encore merci de vous être abonnés, et j'espère qu'on va bien s'amuser :)
Et maintenant, parlons couvertures de livres de cuisine !
Et si on causait couvertures ?
Concernant les romans, je m'en fiche si la couverture est infâme.
[Quoique, si jamais cette version diabolique de Price and Prejudice intégrait ma bibliothèque, j'aurais peur qu'elle se réveille la nuit pour m'étranger dans mon sommeil 😅]
Mais pour ce qui est des livres de cuisine... Je prends la couverture très au sérieux. L'esthétique compte presque autant que le contenu.
Et même si une belle couverture ne suffit pas à me faire acheter un livre... A contrario, je ne suis jamais arrivée à acheter un livre de cuisine dont je trouve la couverture moche, aussi intéressant son contenu soit-il.
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Evidemment, comme on mange d'abord avec ses yeux, les photos des plats doivent nous faire un minimum rêver.
Et on n'achète jamais "que" des recettes. On s'approprie aussi l'univers et l'esthétique de l'auteur ou de l'autrice en se procurant son livre. Si on craque par exemple pour le dernier livre de Monique Duveau ou du No Diet Club, quelque part, ça nous permet aussi de rêver à l'univers champêtre et fleuri de la première, ou de se dire qu'on est aussi rigolos que les seconds.

Mais surtout, j'achète les livres de cuisine autant pour l'aspect pratique (apprendre de nouvelles recettes) que pour le côté beau livre (envie d'exposer un bel objet dans ma bibliothèque). Encore maintenant, le livre de cuisine a pour moi un aspect "achat cadeau", "achat craquage impulsif", "achat pour me faire plaisir même si je ne devrais pas parce que y'a déjà beaucoup de bouquins sur l'étagère gnagnagna".
Parce qu'un livre de cuisine, c'est (généralement) cher, et volontiers superficiel. Avais-je vraiment besoin d'un livre de sandos dans ma vie ? La réponse est non. Sur ma pyramide de Maslow, les romans sont quasi de l'ordre du besoin essentiel. Mais un livre de recettes de Noël que j'utiliserais une fois par an ? Bon, j'avoue, j'aurais pu continuer à mener ma vie sans.
Et qui dit cadeau plaisir, dit plaisir esthétique.
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C'est sans doute pour ça que je ne suis pas très très fan des livres de cuisine avec une photo de l'auteur ou de l'autrice en couverture.
Déjà parce qu'une couverture un peu arty ou graphique est toujours plus "facile" à exposer dans sa bibliothèque, comme un bel objet.
Mais aussi parce la plupart de ces couvertures incarnées sont encore trop dans la perfection. Pour paraphraser cet article de Takeout, je pense à la nana ou au mec en chemise blanche dans la cuisine immaculée... Et même pour les livres où on sent qu'il y a eu une volonté de rendre l'auteur ou l'autrice plus accessible, il y a encore un aspect "lisse et impeccable" dans lequel je n'arrive pas à me projeter.
Prenons par exemple le dernier livre de Nadiya Hussain. J'aime bien l'image et les bonnes vibes qu'elle véhicule. J'ai beaucoup d'affection notamment pour son émission sur Netflix où elle désacralise l'acte de cuisiner et se place avec bienveillance au même niveau que ses interlocuteurs. Mais cette couverture ? Aie, c'est un poil trop de mise en scène léchée à mon goût.

Enfin, le pompon revient à ce livre d'un ancien participant au MasterChef américain, qui sera peut-être très bien, mais qui véhicule quand même l'archétype du cuisinier et de la cuisine trop parfaite pour être vraie.
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Mais a contrario, je trouve les couvertures uniquement graphiques fantastiques. Où on joue sur la typo, les couleurs, éventuellement des illustrations. A l'opposé des couvertures avec la photo d'un plat fini, qui est l'autre type de couverture le plus répandu, avant même les couvertures avec l'auteur ou l'autrice en portrait.
Il se trouve que, de manière amusante, dans l'édition anglophone, les différences sont assez marquées entre le pays de Nigel Slater et celui d'Anthony Bourdain. Les Britanniques ont une préférence pour les couvertures graphiques, et donc l'évocation d'un univers ou d'un style. Les couvertures cherchent à piquer la curiosité des acheteurs dans la librairie plus qu'à donner un avant-goût des recettes. A l'inverse, le marché nord-américain est plus adepte des couvertures plus littérales, avec notamment des plats en couverture pour renforcer l'idée qu'il s'agit bel et bien d'un livre de recettes. On est plutôt là dans la réassurance. Comme l'explique cet article sur Epicurious :
“What the British market is generally aiming for” in order to “make the books visible in an incredibly crowded market,” Jackson says, “is a distinctive cover—something not obvious, [that will] pique the browser’s curiosity.” This, she notes, in contrast to the American treatment, is “usually not a picture of food,” because, on the banks of the Thames, “a finished dish shot can give a ‘mass market’ vibe,” which isn’t “what’s wanted when publishing something more sophisticated or at a higher price point.” [...]
“Overall, you will notice a lot more illustrated or type-driven covers in the U.K.” This, she says, renders the book “more of a decorative pretty object.” She admires it and adds that it’s “so difficult to get away with here in the U.S.” (source)
Un exemple rigolo de différence de traitement entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis ? Les best-sellers d'Ottolenghi que reprennent l'article d'Epicurious.

Et on peut aussi s'amuser à deviner les versions UK et US d'un même titre - oui, c'est ça à que je m'amuse pendant mes heures perdues 🤣 Essayez de faire le jeu par exemple sur A modern way to cook d'Anna Jones, Mezcla d'Ixta Belfrage (versions 1 et 2), ou Every grain of rice de Fuchsia Dunlop (versions 1 et 2). C'est frappant.
Et même dans le cas d'un A-Z of Pasta de Rachel Roddy, où les deux versions sont similaires sur la forme, on devine tout de suite quelle version est la britannique vs l'américaine. Et il n'y a que le Cravings de Chrissy Teigen où je trouve la version américaine plus décontractée et innovante... Ah mais non, c'est la version actualisée 5 ans après la première édition, oupsy 😅
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Quant à nous ? J'ai l'impression qu'en France, notamment sur les livres d'auteur, on est plutôt sur la même ligne que le marché britannique, avec pas mal de couvertures graphiques ou illustrées.

Déjà, nos traductions semblent dans leur majorité reprendre les couvertures britanniques, comme c'est le cas avec le livre de Meera Sodha au-dessus (East en VO).
Mais quand je pense à de récentes publications franco-françaises comme un Whoogy's, un Céline Maguet ou un Bretagne, publiés par 3 maisons d'édition différentes, on retrouve aussi cet accent sur le graphisme et l'évocation d'un univers. C'est une supposition au doigt mouillé, mais je me demande si le fait que nous soyons habitués en littérature à des couvertures à la Grasset ou à la Gallimard nous prédisposent à ce type de présentation plus "sobres".
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Par contre, on a une spécificité bien franco-française : le chef étoilé col bleu blanc rouge avec la veste blanche et/ou le tablier impeccable. Chose que j'ai très peu vue dans l'édition anglosaxonne - ou alors, c'est un tablier dans les rues (!) de Brooklyn ou une charmante dame indienne de 85 ans, donc on s'éloigne du côté "chef inaccessible auréolé de son expertise magnifique".
Il faut dire qu'en anglais, les monographies de chef(fe)s sont dominées par Phaidon - qui jamais ne s'abaisserait à mettre une banale photo d'auteur(rice) en couverture... Autre explication possible ? J'ai trouvé que les ouvrages anglo-saxons mettent souvent davantage en avant les restaurants étoilés que leurs chef(fe)s - exemple avec The French Laundry ou Alinea.
Et... On terminera là-dessus ! Dans un secteur où le design a évolué plutôt dans le bon sens pour pleinement embrasser l'aspect bel objet du livre de cuisine, et où j'ai hâte de voir les prochaines innovations, une chose ne changera jamais : une veste blanche de cuisinier, bah ça vendra toujours.

Pour aller plus loin
Les deux articles, passionnants, de Takeout et d'Epicurious que j'ai mentionnés :


A titre d'illustration, ce top des livres de cuisine 2023 sur GQ montre bien l'évolution vers des couvertures plus graphiques :

Je vous conseille vivement de lire ces deux articles qui permettent de voir les différentes itérations d'un livre de cuisine avant la couverture finale. Autant je suis très fan de la version finale du livre italien, autant mon compagnon et moi, on préfère largement les autres versions de Sqirl par rapport à la couverture qui l'a remporté !


Et classique mais toujours sympa à lire : cet article sur Slate qui parle des couvertures de romans en France vs. les anglo-saxons :

Bonus : 10 livres dont je trouve les couvertures particulièrement marquantes
Petit top pour le plaisir, tiré de mes repérages ;-)

Ou comment une couverture parvient à véhiculer une esthétique pâtissière sans montrer une seule photo de gâteau. Et quand j'ai vu après une image d'une pâtisserie de Claire Ptak, je me suis dit "yep, ça colle".

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